Vignoble gelé - Un hélicoptère pour sauver un vignobles du gel - © Weenat

Gelées de printemps : un phénomène qui touche beaucoup de nos plantations.

Le soleil brille sur les plaines mais les températures sont encore froides… Tel est le bandeau que nous lisons chaque printemps au bas de notre écran de télévision pendant le JT. Cette année encore, nous aurons eu des températures négatives tard dans la saison. Et dans certaines régions, ce sont quelques centimètres de neiges qui sont tombés, rendant ainsi les paysages dignes d’un mois de décembre. Ces gelées de printemps ont des conséquences importantes sur nos récoltes.


Les gelées de printemps, qu’est-ce que c’est ?

Les gelées de printemps sont des gelées moins rudes qu’en hiver mais qui s’accompagnent souvent de conséquences graves. Elles arrivent entre les mois d’avril et de mai dans l’hémisphère nord. Souvenez-vous, le 1er avril 2022, alors que nous croyons tous au poisson d’avril il est bien tombé une petite épaisseur de poudreuse. 

Neige sur les arbres en feu, le 1er avril - © Météo De Paris
Neige sur les arbres en feu, le 1er avril – © Météo De Paris

Ces gelées tardives ne menacent pas l’arbre ou la vigne en soit, mais ses bourgeons qui, au fil du printemps et de l’été deviendront des fruits.  En cas de fortes humidités (plus de 60%) les bourgeons gèlent dès -2 °C. En cas d’hydrométrie moins intense, le risque est léger au-dessus de -4 °C. La situation devient alors critique dès -7 °C.

Des températures qui provoquent le désarroi des producteurs.

Les hivers de plus en plus doux perturbent le cycle de floraison de certains arbres. Ils bourgeonnent parfois dès la fin février. Le gel peut également agir comme une loupe et concentrer les rayons du soleil sur le bourgeon fraichement formé, la brulure du bourgeon est alors inévitable. Et sans bourgeon, les fruits ne se forment pas l’été arrivé. 

Des vignes gelées - © lesgrappes.leparisien.fr
Des vignes gelées – © lesgrappes.leparisien.fr

Si on pense immédiatement à l’impact sur les vignes, c’est sûrement dû à notre amour du vin ! Les bourgeons primaires portent généralement deux grappes, leur destruction entraine un rendement beaucoup plus limité. Plus que les bourgeons, les rameaux de vignes sont aussi touchés. Confrontés au gel, ils vont se flétrir et se dessécher. Cela s’accompagne mécaniquement d’une perte de récolte. L’espoir réside alors dans de jeunes rameaux pas encore formés, qui porteront des bourgeons secondaires, permettant de pallier la perte potentielle de vendange. D’après les chiffres du ministère de l’Agriculture, les gelées de 2021 ont entrainé une baisse de 25 % des récoltes par rapport à la moyenne des cinq dernières années.  

Les arbres fruitiers sont aussi des victimes importantes. L’année dernière, ce sont surtout les arboriculteurs qui ont été le plus durement frappés puisque après la période de froid, une météo maussade s’est installée, empêchant le développement des fruits.

Un verger touché par le gel dans la région de s Sisteron - © ERIC CAMOIN - Maxppp
Un verger touché par le gel dans la région de Sisteron – © ERIC CAMOIN – Maxppp

Le gel touche également d’autres productions comme les asperges. Elles demandent une température de 15 à 20 degrés minimum pour pousser. Pour l’anecdote, le 14 avril, un producteur alsacien n’a ramassé que huit kilos contre 30 à 40 kilos les bons jours. 

Ce phénomène climatique récurrent entraine des pertes économiques importantes. On estime à 3,5 milliards d’euros les pertes pour l’agriculture française. Ce chiffre a entrainé la création d’une aide d’un milliard d’euros de la part de l’État pour cette année 2022. Les assurances vont également mettre la main au portefeuille en remboursant une partie du préjudice. Le consommateur devra également faire des efforts face à une augmentation des prix et à une diminution de l’offre pour certains produits. 

Existe-t-il des solutions contre les gelées de printemps ?

Déjà une forte anticipation est indispensable. Pour cela, les agriculteurs s’aident de stations météo installées au cœur de leurs parcelles et connectées à leur smartphone. Les exploitants sont alors rapidement en capacité de déployer les moyens nécessaires à la protection de leur récolte. Il s’agit également de bien choisir sa zone de culture, elle doit être la moins gélive possible. 

Aspersion de pommiers - Un verger touché par le gel dans la région de s Sisteron - © Piero Cruciatti, AFP
Aspersion de pommiers – © Piero Cruciatti, AFP

Tout d’abord, l’aspersion. C’est une technique utilisée sur les parcelles les plus exposées. Elle consiste à arroser la vigne pendant la période de gel. Une enveloppe de glace protectrice se forme alors autour des bourgeons permettant ainsi la formation du gel. C’est le même phénomène que les igloos. Elle est relativement facile à mettre en œuvre dans certains vergers disposant déjà d’un système d’irrigation pour les périodes estivales, même si celui-ci se transforme peu à peu en du goutte à goutte pour économiser l’eau. En revanche, la plupart des vignobles ne bénéficient pas de ce genre d’installation. Ce type de pratique était utilisé, au siècle dernier, pour des vignobles à forte valeur ajoutée comme le champagne. 

Ensuite, l’utilisation de chauffages est possible et cela offre la possibilité aux amateurs de photo de prendre de magnifiques clichés. Les bougies, disposées entre les rangs, permettent de réchauffer l’air et de limiter la perte de chaleur du sol. 

Des centaine de bougies anti-gel éclaire ce vignoble au crépuscule - Aspersion de pommiers - Un verger touché par le gel dans la région de s Sisteron - © Arnaud Finistre - Hans Lucas, AFP
Des centaines de bougies anti-gel éclairent ce vignoble au crépuscule – © Arnaud Finistre – Hans Lucas, AFP

Les tours à vent brassent l’air afin de remplacer la couche d’air froid inférieur par une couche plus chaude située entre 10 et 12 m de hauteur. Cette mesure est très onéreuse et bouillante puisqu’elle nécessite de gigantesques ventilateurs ou l’intervention d’un hélicoptère.

Un hélicoptère pour sauver un vignobles du gel - © Château d'Arsac -  La dépêche
Un hélicoptère pour sauver un vignobles du gel – © Château d’Arsac – La dépêche

Il est aussi possible de planter des variétés plus tardives, méthode beaucoup utilisée par les vignerons qui adaptent leurs cépages. 


Les difficultés des producteurs sont donc de plus en plus récurrentes face à des phénomènes extrêmes toujours plus nombreux. Il faut, en effet, ajouter au gel, les orages et la grêle qui détruisent les fruits déjà formés. Nous avons une part de responsabilité dans cette situation puisqu’elle émane du dérèglement climatique qui est, lui-même, le résultat néfaste des activités humaines. Je peux donc vous conseiller de soutenir nos agriculteurs en continuant à acheter des produits français et si possible en vente directe. Dans tous les cas, nous leur souhaitons bon courage !

Un article écrit par :

Plus de publications

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *